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Campagne du Soldat Georges SAUVIAT

221ème Régiment d'Artillerie de Campagne.




Georges SAUVIAT est appelé à l'activité le 7 octobre 1907. Il arrive le jour même au 34éme Régiment d'Artillerie basé à Périgueux dans l'ancien séminaire.

Il est promu Brigadier le 25 septembre 1908.

Il est libéré le 29 septembre 1909, un certificat de bonne conduite lui étant accordé.


Il fait deux périodes au sein du 34ème Régiment d'Artillerie, la première du 3 au 21 février 1911, la seconde du 23 mai au 8 juin 1914.


Il est mobilisé le 1er août 1914 et arrive au corps le 3 août 1914.


La mobilisation s'effectua à Périgueux du 2 au 6 août 1914. Le matin du 6 août, la 1ère batterie s'embarquait le reste du régiment suivit dans l'espace de deux jours. Le débarquement eut lieu dans la région sud de l'Argonne (gares de Sommeilles, de Givry-en-Argonne, d'Ante, etc.), après un voyage de 36 à 48 heures sans incidents.

Le 11 août, partant de nos cantonnements de Vieil-Dampierre et La Neuville, nous commençons les marches d'approche dans la direction du nord, nous dirigeant ensuite vers la Meuse, dans la région de Dun. Les étapes étaient souvent pénibles sur ces routes on marchait vers l'ennemi.

Dès le 16 août, alors que l'on était encore sur la Meuse, aux environs de Wiseppe, on fit prendre des dispositions de combat et faire des reconnaissances. Mais ce n'est que le 21 et le 22 août que le régiment, pénétrant en Belgique et arrivant à Florenville, apprenait de façon certaine la présence de l'ennemi dans la région.



Prise de contact avec l'ennemi.


Le régiment, allant chercher le contact, traversa la forêt d'Herbeumoat, qui constitue l'extrémité est du massif compact et boisé de l'Ardenne. Le gros du régiment déboucha de la forêt le 22 août vers le milieu de la journée, déjà, notre infanterie était aux prises avec l'ennemi dans la région de Straimont - Saint-Médard et cherchait à s'emparer des hauteurs au nord de ces villages.

Nos batteries prirent leurs positions comme au champ de tir et, en peu de temps, le tir fut réglé, les petits bois meurtriers écrasés sous des rafales nourries. L'infanterie put s'avancer et, avec elle, les batteries.

Le soir de cette première journée de bataille, on bivouaqua sur place : l'ennemi était peut-être à moins d'un kilomètre.



Le début de la retraite.


Le lendemain 23 août, à 3h00, on leva le bivouac pour prendre position plus au sud, en arrière de Saint-Médard. L'artillerie allemande, qui n'avait presque pas tiré la veille, commença à prendre nos batteries sous des tirs denses d'obusiers de campagne et à harceler les voies de communication, surtout à la traversée des villages. Quand, vers 10h00, l'ordre de repli fut donné, on dut amener les avant-trains sous le feu et venir s'engager sur l'unique routelie retraite. La traversée de Saint-Médard, en particulier, fut critique : un seul obus tombant sur la colonne de la lère batterie tua 8 chevaux, 3 conducteurs, 2 servants, 1 maréchal des logis et blessa à mort l'adjudant Védry.

La retraite devait continuer, et, le soir même, on arrivait à Mogues et aux Deux-Villes. Le lendemain, 24 août, est peut-être la journée la plus critique que connut le régiment pendant toute la guerre.

Mais il fallait battre en retraite, et la nuit se passa sur les routes encombrées d'éléments de toutes armes. Vers 1h00 du matin, on s'arrêta en bivouac près du cimetière de Mouzon.



La retraite.


Un bel exemple de résistance à laquelle le 34e prit une part glorieuse fut dans les combats de la Meuse les 25, 26 et 27 août. Les batteries surveillaient la boucle de la rivière au sud-est de dut coucher sur la terre nue, dans la boue, sans tentes ni couvertures, sous une pluie battante, mais la garde fut bien faite.<§p>

Le 26 août, des masses d'infanterie allemande qui croyaient manœuvrer en sûreté se dirigeaient vers la Meuse. Elles étaient si éloignées que, d'après les principes reçus, on n'avait guère d'action possible. La 76ème batterie, en position à l'orée d'un bois près de Ville-Monlry, fut repérée et écrasée sous le feu, de telle sorte qu'elle reçut l'ordre d'évacuer la position en y laissant le matériels.

Le 27, le 28 et le 29 août, on battit en retraite après de petites escarmouches dans la région de Flaba et La Besace, et, le 29, dans la nuit, on arriva à Vouziers. Le 31 août, dans une petite poussée vers le nord, on obligea l'ennemi à évacuer Voncq, et nos batteries, s'installant sur les hauteurs du village, continrent les Allemands jusqu'au soir.

Mais la journée fut chèrement payée. Le 1er groupe seul y perdait 2 capitaines, 5 sous-officiers et 21 hommes.

Le lendemain, avant le jour, on partait. Franchissant l'Aisne, on passait par Vouziers et bivouaquait pendant quelques heures de la nuit dans des champs à côté de Somme-Py.

Après des journées épuisantes le régiment arrivait le matin du 6 septembre dans la région de Châtel-Raould et d'Arzillières, au sud de Vitry-le-François. Il venait d'accomplir en cinq jours plus de 150 kilomètres, sur route, tout en s'acquittant de diverses missions.

La fatigue était grande, mais une nouvelle se répandit qui galvanisa les plus épuisés : on allait enfin s'arrêter, faire face, refouler l'ennemi.



La bataille de la Marne.


Dans les journées du 6 ou 11 septembre, des batteries se déplacèrent à plusieurs reprises, soit pour les nécessités du tir, soit pour échapper aux formidables bombardements sous lesquels l'artillerie lourde allemande tenta d'anéantir ou de paralyser l'artillerie française réduite à peu de chose près à ses batteries de 75. L'infanterie, arrêtée sur des positions un peu dominantes, mais nues, sans tranchées ni fils de fer, était assaillie par l'ennemi qui attaquait énergiquement, violemment. L'artillerie allemande, nombreuse et puissamment approvisionnée, écrasait notre infanterie, qui, sans abris, subissait de lourdes pertes, mais sans bouger. L'infanterie ennemie tentait de fréquents assauts pour s'emparer des positions françaises : mais, à chaque fois, elle était refoulée ou contenue sur place.

Le rôle de nos batteries était à la fois de disperser les formations allemandes qui se rassemblaient un peu à l'arrière, de arceler les troupes assaillantes de première ligne et de combattre les batteries ennemies. L'ennemi, possédant de nombreux obusiers, s'efforçait d'écraser nos batteries dont il voyait le rôle si important et les tirs si efficaces.

Le 11 septembre, vers midi, partant aux trousses de l'ennemi en retraite, on traversait le champ de bataille, quand on voyait le mont Moret on était saisi d'horreur devant ce théâtre de carnage. Horreur devant le sol bouleversé, jonché de débris, devant ces loques humaines, ces cadavres convulsés que l'on voyait épars jusqu'à perte de vue.



La pousuite après la Marne.


La période de quelques jours qui suivit la bataille de la Marne et se passa à la poursuite des Allemands en retraite ne fut marquée par aucun combat véritable. L'ennemi avait presque une journée d'avance sur nous, car il nous avait faussé compagnie dès la nuit du 10 septembre, masquant son départ derrière quelques éléments d'arrière-garde.

Les fatigues de la petraite avaient épuisé les chevaux, qui, attelés en permanence, restant souvent sans boire, mangeant wal, avaient fourni un effort énorme. Quant aux hommes, artilleurs comme fantassins étaient à bout de forces. L'encombrement des routes, les destructions effectuées par l'ennemi augmentaient encore les difficultés de la poursuite. Le temps lui-même était contre nous : les grandes pluies de septembre étaient venues. D'auire part, c'est à toute vitesse que l'armée allemande se repliait pour aller se fixer sur des positions déjà choisies et préparées.

Le 11 au soir, le régiment bivouaqua près de Blacy : pas de tentes, pas de couvertures, interdiction de faire du feu, pas de ravitaillement, la pluie continuait à tomber et le vent soufflait en tempête.

Les jours suivants, mêmes misères. A mesure que l'on avançait, les dévastations, les atrocités allemandes apparaissaient. C'étaient les villages brûlés, ruinés de fond en comble, systématiquement : Auve, totalement détruit, fumait encore sous la pluie, Accumulés par places en dehors des villages, des meubles de toutes sortes, des fauteuils, des matelas, des bouteilles vides en quantités invraisemblables, attestaient qu'après le pillage et l'incendie, la soldatesqúe teutonne s'était livrée à de grossières orgies autour des ruines fumantes.

Après un arrêt à Saint-Jean-sur-Tourbe, les 14 et 15 septembre, le régiment vint occuper une position de rassemblement, le 16, près de Suippes. Mais, le soir même, on le renvoyait dans la région de Saint-Rémy-sur-Bussy et de Croix-en-Champagne.

Epouvantable marche de nuit par la pluie, sur les routes si encombrées que l'on mit jusqu'à huit heures pour faire 12 kilomètres.

Le 17, on repartait, de nuit encore, sous la pluie toujours, pour venir bivouaquer le long de la route, près de la ferme de Jonchery. Enfin, le 18 au matin, traversant le camp de Châlons, le 34ème venait mettre en batterie aux environs du fort Saint-Hilaire pour tirer dans la région d'Aubérive. Les Allemands s'étaient arrêtés là : de troupes, on n'en voyait point, mais, sur les mouvements.



Les débuts de la guerre de tranchées en Champagne.


La ligne choisie par les Allemands en 1914 s'appuyait sur les rares petits massifs qui dominent la région : massif du Berru, Nogent-l'Abbesse, près de Reims, massif de Moronviiliers plus à l'est. C'est au pied de ce massif, à Aubérive, sur la petite rivière de la Suippes, que l'ennemi s'était arrêté devant nous.

Dès qu'elles furent en place, le 18 septembre, les batteries entreprirent une installation de protection et de camouflage. On fit des levées de terre autour des pièces, des abris en tranchée pour le personnel; on s'efforça de masquer le tout avec des pins, créant de véritables bois artificiels. On dormait dans des cahutes couvertes de branches et de paille, quelquefois à demi enterrées.

Les premiers jours se passèrent sans combats. L'ennemi travaillait à ses tranchées : nous commencions à l'imiter et à reprendre haleine.

Puis on tenta de passer. Le 24 septembre, le 1er groupe aidait, par ses tirs sur l'infanterie et les batteries adverses, une attaque que menaient quelques-uns de nos éléments en liaison avec un corps voisin. Mais la batail'e de la Marne avait vidé les coffres, et, depuis, on ne pouvait plus les remplir, aussi notre aide dut-elle se borner à quelques tirs d'une densité dérisoire.

Le 30 septembre, c'est le 2ème groupe qui était chargé de préparer et de soutenir une attaque française sur Aubérive; il disposait de 800 coups pour ce travail. Quand le bataillon du 50e régiment d'infanterie, chargé de mener l'attaque, partit à l'assaut sur le glacis qui borde la Suippes, il fut fauché par des mitrailleuses qui Le prenaient de face, de flanc, d'écharpe.

L'échec, devant Aubérive fut donc complet.

Le 34ème resta encore quelque temps dans cette région du camp de Châlons. Puis, le 19, octobre, appuyant à l'ouest, il vint occuper les secteurs de Prosnes et de Prunay.

Dès cet hiver 1914-1915, les batteries du régiment mirent au point la confection de casemates de pièces et d'abris boisés

Sur le rebord du plateau de la montagne de Reims, au dessus de Verzy, est organisé un observatoire, appelé en langage conventionnel « le Sinaï » qui dominait toute la région, surveillait l'ennemi dans un vaste rayon, repérait ses batteries, réglait les nôtres. Cependant, la crise des munitions, quoique un peu moins aiguë, continuait à sévir et l'on devait se limiter à quelques tirs de réglage, quelques ripostes sur les batteries allemandes, quelques tirs sur tranchées à la demande de notre infanterie.

Les deux premiers mois de notre installation se passèrént sans gros incidents. Le 20 décembre.

Nos batteries, surtout celles du 1er groupe, furent chargées de provoquer l'adversaire, tirant sur des points sensibles les quelques rafales que lui permettaient les allocations en obus. Elles firent de leur mieux ; mais cette petite ruse fut sans effets sur l'ennemi qui connaissait notre situation et dédaignait de répondre. Pendant bien des jours, on entendit le grondement lointain, en roulement de tambour de nos petits 75 qui crachaient furieusement. Puis on cessa de rien entendre, la bataille d'hiver en Champagne était terminée.



La bataille de Saint-Mihiel.


Dans la nuit du 24 au 25 mars, le régiment était relevé, et, après quelques heures de repos dans la région de Saint-Hilaire-au-Temple, venait cantonner dans les villages de Saint-Germain-la-Ville, Cheppy et Montcetz. Le 30 mars, il embarquait en gare de Vitry-le-François pour une destination inconnue.

Cette destination, c'était la Woëvre, le but était de mener rapidement une attaque sur le flanc sud de la vaste pointe allemande qui s'enfonçait dans les lignes françaises atteignant la Meuse à Saint-Mihiel et qui fut connue pendant toute la guerre sous le nom de « hernie de Saint-Mihiel ».

Le régiment, débarqué le 31 mars à Pagny-sur-Meuse et gares voisines, prit position dès la nuit du 1er au 2 avril en face du bois de Mortmare (secteur de Flirey). Trois jours après on attaquait. Les tirs précis qu'on lui demandait au régiment furent parfaitement exécutés. L'appui à l'infanterie consistait à tirer pendant un certain temps, variant de dix à trente ou quarante minutes, sur des positions de tranchées ennemies pour les rendre intenables aux défenseurs. On tirait à deux, trois ou quatre coups par pièce et par minute, puis, à la fin du tir, nos fantassins allaient occuper la tranchée.

Les effectifs avec lesquels on menait ces petites attaques locales étaient de deux ou trois compagnies en moyenne, mais les pertes étaient proportionnellement très lourdes. Cependant, on renouvela l'assaut à de multiples reprises dans toute la période du 5 au 22 avril. Les gains furent nuls ou insigninants.

Il fallut se rendre à l'évidence : l'effet de suprise n'avait pas suffi à compenser l'infériorité des moyens d'attaque. La surprise, une fois passée, il n'y avait plus rien à espérer.

Cette mauvaise période fut marquée, pour l'artillerie, d'une série pénible d'accidents. Les munitions, fabriquées en hâte ne présentaient plus les garantes voulues, et, à chaque tir intense des batteries, il y avait quelque pièce qui sautait.

Le régiment resta en Lorraine jusqu'au début de juin. Le 8 juin, le régiment quittait le secteur et venait cantonner dans la région de Pagny-sur-Meuse, où il embarquait le 15 juin.



L'arrivée en Artois. — L'attaque du 25 septembre 1915 .


Le régiment débarqua près d'Amiens les 16 et 17 juin, et un repos d'un mois lui fut accordé. Les villages de FIesselles, de Saint- Waast-en-Chaussée, de Vaux-en-Amiénois, furent ses cantonnements pendant son séjour en Picardie, C'était le premier repos du régiment depuis le début de la campagne.

Le 19 juillet, nous partions, en trois étapes par Occoches et Grand Rubécourt, nous arrivâmes dans le secteur que nous devions occuper : celui de-Neuville Saint-Waast. La région où l'on combattait était celle des dernières collines d'Artois. Mais la position nous était défavorable. L'ennemi, du haut de la crête que l'on a appelée quelquefois la « falaise » de Vimy, dominait et voyait toutes nos positions sur plusieurs kilomètres de profondeur, ce qui interdisait toute circulation de jour en dehors des boyaux.

Les batteries du régiment'étaient installées de part et d'autre de la route de Mareuil à Neuville, et pour la plupart dans un ong repli de terrain qui avait été baptisé du nom prometteur de « Fond de Vase ».

La tâche de l'artilleur était écrasante : après une période de travaux, de réglages longs et pénibles il fallut assurer, pendant les quatre jours et les quatre nuits précédant le jour de la bataille, des tirs presque continuels.

Enfin, le jour J arriva, hélas! brumeux et pluvieux. L'infanterie sortit dans un magnifique élan, le tir de nos batteries s'allongeait devant elle selon une progression prévue d'avance. On tira ainsi pendant des heures : les servants, nus jusqu'au torse, servaient leurs pièces.

Mais les choses ne s'étaient pas passées selon le programme fixé. Les tirs de destruction confiés au 75 avaient été sans effet sur les nombreux abris allemands profondément enterrés. Nos troupes d'infanterie avaient été fusil'ées dans le dos par l'ennemi, qui était sorti de ses abris après le passage des vagues d'assaut. Le village de Thébus, qui aurait dû être écrasé par un tir de 370, avait servi de repaire et d'appui à des troupes de contre-attaque qui avaient rejeté les nôtres. C'était l'échec.

Cependant, le 26, on reprit l'attaque, et, le soir, le 2ème groupe reçut l'ordre d'aller se mettre en position au sud-ouest de Neuville-Saint-Waast. Il y resta moins d'une heure, l'ennemi tenait encore une tranchée à 700 mètres de là et la position était continuellement criblée de balles.

Le 27 et le 28, on exécuta des tirs de protection devant les tranchées qui avaient été conquises et qui représentaient un gain de peu de centaines de mètres. Le 29, dans la nuit, le régiment était relevé et il prenait position, le lendemain et le surlendemain, dans le secteur d'Arras.



Le secteur d'Arras. — L'hiver dans les tranchées. — Les affaires de mines.


Notre séjour à Arras fut assez bref : il ne dura que du 1er au 10 octobre et ne fut marqué par aucune attaque d'infanterie. Les positions de batteries étaient dans la ville même et dans les faubourgs Saint-Nicolas et Sainte-Catherine.

Le 10 octobre, le régiment regagnait à peu de chose près ses anciennes positions à Neuville-Saint-Waast. Le lendemain, on tentait une nouvelle attaque pour s'emparer de la crête de Vimy. L'attaque échoua complètement. C'était fini pour la saison : l'hivernage allait commencer. Il fut particulièrement pénible, aussi bien du fait de l'ennemi que du fait de l'hiver et de la nature des lieux.

La période finale (fin janvier, février, début de mars), fut particulièrement dure. Le 23 janvier, un certain nombre de nos batteries subissait des bombardements par obus de gros calibre. Le 1er groupe seul recevait, en une heure, une centaine de coups de 210. Le lendemain, au point du jour, d'énorme et sourdes explosions secouaient la terre : de vastes morceaux de sol avec les tranchées, les abris et les défenseurs qui les couvraient, étaient projetés en l'air et, en retombant, enfouissaient le voisinage sous leurs débris. Il restait à leur place d'immenses entonnoirs, dont les rebords dominaient tous les alentours.

A partir de ce jour, ce furent d'incessantes luttes pour défendre ou reprendre ces entonnoirs. Quand l'un des adversaires ne pouvait s'emparer de haute lutte d'un entonnoir occupé par l'autre, il faisait sauter par une nouvelle mine la portion de lèvre organisée. Et le combat reprenait autour du nouvel entonnoir.



Verdun.


Après la relève anglaise, qui fut terminée le 14 mars 1916, le régiment s'embarqua à Frévent et aux gares voisines. Débarqué à Ailly-sur-Noye (Somme), il resta une douzaine de jours dans la région (La Faloise, Breteuil, etc.). Cette période, dite de repos, fut consacrée à nettoyer et à remettre en état le matériel, à donner quelques soins aux chevaux épuisés par un hiver de fatigues et de séjour sans abri dans les bois, enfin, à faire des manœuvres d'artillerie pour « remettre en main » le personnel.

On s'embarqua de nouveau le 31 mars. C'est à Gondrecourt et aux environs que nous débarquions, et trois étapes nous amenaient à Verdun.

Le 4 avril, nous arrivions dans le secteur : la division occupait la rive gauche de la Meuse, face à la côte du Talou. Les positions de batteries étaient situées dans le pli de terrain au sud des forts de Marre et de Belle-Epine.

Ce sont les 7ème et 8ème batteries qui eurent à subir les tirs les plus violents et les plus nombreux. En Artois, on avait vu des batteries bouleversées en une après-midi par un bombardement, mais le lendemain ou surlendemain était calme. A Verdun, il n'y avait pas de trêve : la lutte était de tous les jours, de tous les instants.

Quatre-vingts jours d'une telle vie avaient épuisé le personnel. Enfin, les 24 et 25 juin, le régiment était remplacé sur les positions où il avait si vaillamment « tenu ».



Les secteurs de l'Aisne.


En quatre étapes, le régiment vint s'embarquer en gare de Vitry-le-François le 30 juin. Après une semaine de repos dans les villages de Villers-Agron, Baslieux et Anthenay, au nord de la vallée de la Marne, il venait prendre position, le 7 juillet, dans le secteur est de Vailly, près de Soissons.

Nous abandonnions bientôt ce secteur assoupi pour aller en occuper un autre qui ne l'était guère moins : celui de Vauclerc, où nous arrivions le 19 juillet.

Il y a peu à dire des missions confiées au 34ème dans ce secteur : c'étaient la protection éventuelle de l'infanterie et quelques tirs de représailles. La difficulté la plus grande résultait de la proximité des tranchées françaises et allemandes. Parfois, il y avait une petite alerte.

Après deux mois de cette guerre ralentie, le régiment était relevé et venait occuper, le 20 septembre, la région sud de Fère-en-Tardenois. Un petit séjour y était mis à profit pour quelques manœuvres. Puis on partit par étapes pour la vallée de l'Oise.



Le secteur de l'Oise.


Parti le 9 octobre de la région de Fère-en-Tardenois, le régiment s'arrêta trois jours pour faire une manœuvre aux environs de Marigny-en-Orxois. Puis, en quatre étapes, il arrivait à Antheuil, dans la région de Compiègne, et, enfin prenait position à une quinzaine de kilomètres de cette ville, dans la vallée de l'Oise, près de Ribécourt.

Quand le régiment prit position, le 16 octobre, le secteur était calme depuis longtemps. Nous tenions la petite ville de Ribécourt avec des batteries sur les hauteurs qui la dominent au sud. Devant nous, un large espace plat, humide, presque marécageux, sillonné par nos tranchées de première ligne. Au delà, la lisière des bois tenue par l'ennemi avec des petits villages à demi démolis par les obus : Dreslincourt, Pimprez, Ourscamps. Puis, au loin, Noyon.

Quelques coups de main, quelques bombardements à grande distance, dont souffrirent les échelons, sont les seuls incidents qui ont marqué la période de séjour du régiment. Cette période dura à peu près exactement un mois. Le 17 novembre, par une froide et triste journée, les groupes se mettaient en marche vers le grand champ de bataille qui avait succédé à celui de Verdun, vers la vallée de la Somme.



Le secteur de la Somme.


Par le verglas, par la pluie, le régiment traversa Montdidier et, de là, fut dirigé sur Lamotte-en-Santerre et Cappy.

C'était une fourmilière humaine que cette, zone d'arrière-front. Sur les larges routes de Picardie défilaient sans interruption les colonnes de voitures et de camions automobiles, on marchait par trois colonnes de front : deux colonnes d'autos, une dans chaque sens, et une colonne de voitures à chevaux, sans compter les cavaliers et les gens à pied qui devaient passer hors de la route. <§p>

Le 19 novembre, le régiment arrivait à Cappy, gros bourg en ruines. Le secteur qui nous était confié était sur le plateau d'Herbécourt.

La prise de Barleux était pour nous le but désigné, en effet, la bataille de la Somme, depuis l'été 1916, n'avait jamais cessé. Les Allemands, qui avaient chancelé sous la violence du premier choc, en juillet, s'étaient ressaisis depuis lors. Sachant que nous devions les attaquer, et que l'organisation préparatoire de notre attaque nécessitait un long et pénible travail, ils entravaient ce travail par des tirs continuels de harcèlement.

La zone que nous occupions était celle où s'étaient déroulés les premiers combats de juillet : anciennes tranchées éboulées, réseaux de fils de fer, trous d'obus, débris de toutes sortes, couvraient le sol. Tout avait été détruit. Le ciel bas et sombre déversait constamment ses longues pluies fines qui transissent les hommes et réduisent la terre en boue. Puis ce fut le froid, la neige, le grand vent qui balayait le platew par des températures de — 10° et — 20°.

Cette vie dura pour le régiment environ deux mois et demi. Mais l'attaque sur Barleux n'eût pas lieu : on préparait ailleurs la grande offensive de printemps. Du 8 au 10 février 1917, la division était relevée par une division britannique. Le régiment venait, en deux étapes, cantonner aux environs d'Amiens, à Glisy, Lamotte-Brebière et Blangy-Tronville.



Maisons de champagne.


Embarqué en gare de Boves et de Longueau, le régiment arrivait, le 16 et le 17 février, dans la région de Valmy.

le 15 février, l'ennemi, dans la surprise d'un coup de main, réussit à s'emparer de nos premières lignes aux environs de la ferme de « Maisons-de-Cham-pagne ». Nous perdions là une position de crête d'où on avait des vues gênantes pour l'ennemi. En dehors de cela, l'affaire ne tirait pas à conséquence.

C'était le début de mars, des bourrasques de pluie et de neige balayaient ces grandes ondulations de terrain grisâtre et aride, ravagé de tranchées et de trous d'obus. La période de dégel avait transformé les routes en fondrières boueuses. C'est dans de telles conditions que le régiment devait s'engager à la hâte, s'installer sans abri sous le feu de l'ennemi, sous la pluie du ciel. Le 8 mars, sous des rafales de neige, l'infanterie de la 24ème D. I., protégée par notre feu, conquérait la crête de Maisons-de-Champagne.

Mais les Allemands avaient un point d'honneur à conserver cette position. Appuyés par une forte artillerie, ils contre-attaquèrent aussitôt furieusement, et, pendant quatre jours, ce fut une lutte acharnée, dans laquelle les adversaires se disputaient des lambeaux de tranchées démolies par les bombardements et presque comblées par la boue.

Le 12 mars, l'effort allemand, brisé, nous laissait maîtres de Maisons-de-Champagne. Quelques jours après, le 34ème était relevé et venait occuper le secteur d'Aubérive.



Georges SAUVIAT passe au 221ème Régiment d'Artillerie de Campagne le 1er avril 1917.



Le régiment se trouve dans le secteur La Harazée-Four-de-Paris. Le 27 avril, repos et reconnaissance de secteur pour la moitié des cadres et, dans la nuit du 28 au 29, relève du 85ème au sous-secteur Pommiers. Le secteur est calme. Peu d'obus, mais en rèvanche un assez grand nombre de torpilles de moyen. et de gros calibres tombent cependant sur l'Ouvrage Teychené, le boyau de Binarville et l'Ouvrage Duchaussoy. Pendant la nuit les rafales de mitrailleuses sont très fréquentes. Les lignes sont très rapprochées les unes des autres.

Le 1er mai, le 221ème relevé va prendre 10 jours de repos dans la région de Florent. Le 11 mai, le Régiment monte relever le 358ème dans le sous-secteur Four-de-Paris (Quartier Marie-Thérèse, Mortier et Meurissons). Tout le Régiment est en ligne. Le 29 mai, la Division, est relevée . Les pertes du Régiment, pendant son séjour en Argonne, ont été de 6 tués et de 39 blessés.

Le 2 juin au matin, le Régiment entier est rassemblé à Sainte-Menehould où il s'embarque, en chemin de fer, pour Mourmelon-le-Petit. Lé Régiment s'installe âu Bivouac n° 1 sur la route Bouy-Reims. Le 3 Juin, reconnaissance du Sous-Secteur du Mont Haut (Massifs de Moronvilliers). Dès le 3 au soir, le 4ème Bataillon monte en réserve à l'Ouvrage du Roi Albert. Le 4 au soir, le 4e Bataillon relève le Quartier de la Cage à Poules, le 6ème relève celui du Fortin, en soutien. Le Bégiment tient le secteur pendant 4 jours, dans des conditions particulièrement pénibles. Les barrages se déclanchent plusieurs fois par jour avec une extrême intensité.

Le Régiment est relevé le 8 au soir. Les pertes ont été de 7 tués et de 54 blessés.

Le 9 Juin il est enlevé par camions et va cantonner à La Veuve et le Régiment jouit alors d'un véritable repos. A l'expiration de son repos, le régiment s'installe dans le sous-secteur d'Auberive. La rélève est terminée le 29 au soir.

Ce secteur, conquis depuis peu, est loin d'être stabilisé. Les tranchées sont en mauvais état, les abris et les réseaux presque inexistants, l'ennemi s'y montre très actif. La journée dù 8 Juillet est très agitée : bombardement à torpilles, obus de 105 et 150 causent des pertes, entre autres celles de deux sous-officiers, et d'une dizaine d'hommes.

Le 9, l'ennemi bombarde avec violence le sous-secteur et, à 21h45, lance une vigoureuse attaque, sur le 4ème Bataillon au Quartier Ouest. Mais l'attaque échoue complètement avec de lourdes pertes. Dans la nuit du 13 au 14, le 221ème est relevé. En moins de 15 jours il a perdu dans ce secteur 1 Officier, 3 Sous-Officiers et 55 hommes dont 19 tués.

Le 14, le Bégiment cantonne au Camp des Echelons et embarque par chemin de fer, le 15, à Cuperly pour débarquer à Dormans. Après la grande halte, le régiment se dirige sur ses cantonnements de repos. Chàtillon-sur-Marne, Montigny et Jonchery. Le repos dure jusqu'au 24 juillet.



Secteurs de Sapigneul et de Guiencourt (Août 1917 - Avril 1918).


Le 3 août au soir, le 221ème relève le 217ème dans le sous-secteur Nord de Sapigneul qu'il tiendra jusqu'au 13 Août. Tout le Régiment est en ligne. Le secteur est celui où l'attaque d'Avril a été arrêtée par la Côte 108 et le Mont de Sapigneul. A la Côte 108, la guerre de mines n'est plus active, mais l'ennemi envoie des torpilles de gros calibre (24,5). Un entonnoir énorme sépare les lignes. A la Tête de Pont de Sapigneul, la situation est très instable, nous ne tenons qu'une bande de terrain en avant du Canal. L'ennemi nous domine et nous envoie sans compter torpilles et bombes à ailettes. L'artillerie et les mitrailleuses ennemies sont très actives. Le ravitaillement ne peut s'effectuer que de nuit.

Après 6 jours de repos à Cormicy et à Châlons-le-Vergeur, le régiment relève le 1er Bégiment de Tirailleurs au sous-secteur Colbert (Quartier Godât). Le régime des relèves est de 12 jours en ligne et 6 jours au repos. Le secteur est dominé par la ligne de crêtes (Côte 108, Mont de Sapigneul, Mont Spin-Brimont) mais il offre plus de résistance que celui de Sapigneul car il existe quatre lignes de tranchées en avant du Canal et du Loivre. L'activité de l'artillerie et des Minenwerfer est également moindre.

Le 19 septembre, un coup de main exécuté en même temps par deux fractions, l'une sur la tranchée von Hoesler, l'autre sur le quadrilatère. Ce coup de main nous vaut deux prisonniers. L'ennemi se défendit avec acharnement, essayant d'arracher les masques de nos hommes, lançant des grenades asphyxiantes et se battant au corps à corps.

Le 22 septembre, l'ennemi tenta à son tour un coup de main sur notre gauche, nos hommes firent, une fois de plus, échouer cette tentative.

Le 26 septembre, le Régiment de droite exécutait un coup de main sur la tranchée Von Hoesler.

Du 3 août au 1er octobre, les pertes sont de 5 tués, 38 blessés et 26 brûlés (par grenades incendiaires).

Pendant cette période de deux mois, le travail fourni par le Régiment est considérable. Le secteur en est très avantageusement transformé.

Le 24 octobre, le Régiment est relevé et, va cantonner à Cramont et à Granves. Le 13 novembre il reprend le même secteur. Les 23 et. 25 novembre et le 23 décembre, l'ennemi "tente divers coups de main, sans aucun succès. Le mois de janvier s'écoule sans incidents importants à signaler.

Pendant la nuit du 13 au 14 février, Un détachement réussit un coup de main avec le plus grand succès. Le 21 février, le 221ème descend au repos. Le 16 mars, le régiment reçoit l'ordre d'aller relever la 67ème dans le secteur de Guiencourt, le 221ème devant s'installer dans le quartier du Choléra.

Les premières journées sont assez mouvementées, surtout celle du 19, pendant laquelle le secteur du Choléra reçut environ 10.000 obus. A 17h50, l'ennemi attaque sur le P. A. Thiercelin. L'ennemi n'a pu pénétrer en aucun point du secteur du Régiment.

A partir du 23, un calme relatif renaît. Le 1er avril, une reconnaissance allemande tente d'aborder la 1ère ligne du P. A. Bouillabaise, elle est, vigoureusement repoussée à la grenade.



Séjour dans les Flandres (mai - juin 1918).


Le 11 mai, le 221ème est relevé, il débarque le 23 à Saint-Omer et cantonne dans les environs. Le 22 l'offensive sur Calais échoue, mais l'infanterie allemande est, malgré ses échecs, très entreprenante. L'ennemi s'inquiète : chaque nuit, ses patrouilles « s'accrochent » aux nôtres, des luttes opiniâtres allant parfois jusqu'au corps à corps s'engagent pour la possession du no man's land, qui finalement nous reste.

La veille de l'offensive allemande du 15 juillet, la régiment s'installe dans le secteur des Monts, Les Bataillons sont employés suivant les besoins de la situation, servant de renforts, contre-attaquant et venant en fin de compte occuper la position.






Georges SAUVIAT décède le 11 août 1918 à l'ambulance 8/1 des suites de ses blessures de guerre.

Il a toujours rempli ses fonctions de Brigadier avec beaucoup de zèle et de courage depuis le début de la campagne.

Il fut blessé le 1er août 1918 en cherchant à mettre à l'abri les chevaux et l'avant train de sa pièce sous un violent bombardement.

Il fut cité à l'ordre du régiment le 15 avril 1918, et décoré de la Croix de Guerre.